Saint-Antoine-de-Tilly

Histoire de la municipalité

Le 29 octobre 1672, en considération de bons et louables services rendus à sa Majesté le roi Louis XIV, le territoire situé sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, entre les bornes de la seigneurie de Lauzon et celles de Sainte-Croix, fut concédé par l’intendant Jean Talon à un lieutenant du régiment de Carignan, le sieur Claude-Sébastien de Villieu. Le recensement de 1681 donne les noms des cinq premiers colons de Villieu : Adrien Hayot, Nicolas Delahaye, Pierre Lambert, Pierre Bourgoin et Benoît Boucher.

Le 31 août 1700, Claude-Sébastien de Villieu fils vend à Pierre-Noël Le Gardeur, sieur de Tilly, pour trois mille livres, avec tous ses droits, la seigneurie de Villieu qui prit dès lors le nom de Tilly. Le nouveau seigneur s’y installe la même année, en compagnie de sa seconde épouse, Madeleine Boucher, fille de Pierre Boucher, gouverneur de Trois-Rivières.

Dès 1702, le seigneur de Tilly fait construire une chapelle en bois, où ont lieu les premiers offices célébrés par le missionnaire desservant, le Père Honoré Huret, récollet, qui met le nouveau temple sous le vocable de Saint-Antoine-de-Padoue. En l’absence de l’évêque de Québec Mgr de Saint-Vallier, cette ouverture des registres de l’état civil en 1702 marque le début de la paroisse de Saint-Antoine-de-Tilly, dont les limites canoniques seront établies le 3 mars 1722 par un Arrêt du Conseil d’État du Roi.

Le 30 juin 1712, le seigneur de Tilly et son épouse donnent à la Fabrique paroissiale un arpent de terre de front pour y bâtir l’église et le presbytère. Une plaque armoriée atteste que le 26 juillet 1712 est posée la première pierre de cette église construite à quelques pieds au nord de l’église actuelle.

En 1759, durant le siège de Québec, plus de 1000 soldats anglais débarquent à Saint-Antoine-de-Tilly, s’emparent de l’église et s’y retranchent. Ils installent des batteries de canons sur trois monticules encore visibles à mi-hauteur de la falaise dans les Fonds de Saint-Antoine. Le 23 juillet 1760, les habitants du lieu, qui s’étaient d’abord retirés dans la deuxième concession, remettent leurs armes aux Anglais et prêtent le serment de neutralité : « nous ne prendrons pas les armes contre George II, roi de Grande-Bretagne »

En 1786, le seigneur entreprend, sur un lot de terre acheté des Lambert, la construction du manoir conservé jusqu’à ce jour et devenu l’hôtel Manoir de Tilly. On commence peu après la construction de l’église actuelle, qui fut bénie le 24 septembre 1788 par le curé Jean-Baptiste Noël. La décoration intérieure de cette église fut enrichie par la suite de boiseries sculptées, conçues entre autres par Thomas Baillargé, puis par de grandes peintures européennes de la collection Desjardins achetées par la Fabrique vers 1817-1818 à la suggestion du curé Louis Raby. D’une magnifique architecture, l’église est classée monument historique en 1963 par le ministère des Affaires culturelles.

La place de l’église, bornée par des bâtiments patrimoniaux, maisons centenaires et magasins généraux bien conservés, donne accès au cimetière, à un belvédère et à une côte d’accès au fleuve.

Magasin général Normand bâti en 1894.
Photo - Fonds de la Société du patrimoine de Saint-Antoine-de-Tilly

La municipalité de Saint-Antoine-de-Tilly, qui comptait 1 897 habitants en 1821, puis environ 2 000 habitants au milieu du 19e siècle, fut démembrée successivement par la fondation de Saint-Apollinaire vers 1855, par celle d’Issoudun, puis par l’annexion du troisième rang où 20 familles passent à Saint-Apollinaire en 1920.

Grange octogonal d'inspiration américaine.
Construite en 1901 par Philias Aubin.
Photo - Fonds de la Société du patrimoine de Saint-Antoine-de-Tilly

La municipalité civile fut fondée en 1855. Elle se glorifie de posséder un blason d’origine et une devise tirée aussi du verset 8 du Psaume 72, à la suite de celle du Canada :

Et a flumine usque ad terminos terrae !
Et du fleuve jusqu’à la fin des terres !

À l’instar de son patrimoine bâti, fort bien conservé, la population de Saint-Antoine-de-Tilly, qui était de 1 350 habitants en 1900, est restée singulièrement stable durant le 20e siècle, ne comptant que 1 381 habitants lors du recensernent de 1996. Elle tend cependant à s’accroître, dans la continuité.

Alonzo Le Blanc, historien.

Seigneuries de la municipalité

Sainte-Agathe-de-Lotbinière

Lorsque nous parcourons ce petit coin de notre pays qui est notre paroisse; lorsque nous nous promenons dans nos forêts de résineux et de bois francs, dans nos érablières; lorsque nous contemplons ces belles rivières qui coulent entre des rives escarpées et se précipitent en de chutes aux eaux écumantes, ou serpentent au milieu de plaines paisibles; Iorsque tout au long de nos dix rangs, nous admirons les prairies et les pâturages, les potagers et les plates-bandes de fleurs, les parterres moelleux et les longues rangées d’arbres d’ornement; lorsque nous passons devant les maisons coquettes où vivent, dans une modeste aisance, d’honnêtes familles de chez nous; lorsque nous traversons dans toute son étendue, notre belle paroisse de Ste-Agathe, centrée autour du haut clocher de son église, nous ne pouvons que ressentir un sentiment de fierté à la pensée que cette paroisse est la nôtre et que nous y avons vu le jour.

Plusieurs d’entre nous, peut-être, ne connaissent pas l’histoire des humbles débuts de la paroisse de Ste-Agathe. Ils ignorent que nos ancêtres, emportant sur leur dos toutes leurs possessions, se sont défriché un passage à travers l’épaisse forêt, ont abattu les premiers arbres pour se construire un abri, puis ont travaillé sans relâche, d’une clarté à l’autre, pour repousser la forêt et se préparer une terre cultivable. Hélas! Oui, le souvenir de ces pionniers, au cœur généreux et au courage à toute épreuve, se perd dans l’immense abîme de l’oubli.

Ce texte est une description romancée que M. Albert Gagné historien amateur a écrit dans l’avant-propos du livre du centenaire de Saint-Agathe en 1953.

Situation Géographique

La paroisse de Sainte-Agathe est située en partie dans le comté de Lotbinière et en partie dans le comté de Mégantic.

La paroisse de Sainte-Agathe est formée d’un territoire de forme irrégulière de 14 milles dans sa plus grande profondeur par 8 milles de largeur, pris en partie sur le haut de la seigneurie de Sainte-Croix, ainsi que sur celle de Beaurivage et en partie sur les cantons de Leeds et de Nelson.

Vue de l'église en 1906.
Photo 2570 - SPHSL

Historique

Le premier chemin construit à l’intérieur des terres fut le chemin Craig (aujourd’hui la route 269), ainsi nommé en l’honneur de James Henry Craig, alors gouverneur de la Nouvelle-France. La construction de ce chemin a débuté en août 1810 et dès 1811 une diligence pouvait faire le trajet Québec-Boston, en hiver seulement, car en été le chemin était trop cahoteux. On quittait Québec le lundi matin et on arrivait à Boston de samedi. Les chevaux étaient remplacés tous les jours, tout le long du trajet.

C’est à partir de cette route que fut construit le premier chemin qui se dirigeait vers le territoire qui devait former en 1853, la paroisse de Sainte-Agathe. Ce chemin a longtemps été nommé Harvey Hill ou encore chemin des Mines parce qu’il partait de la mine de Harvey Hill, située au sud du chemin Craig et traversait ce dernier pour se diriger vers Sainte-Agathe que l’on nommait dans le temps, terrain des Mères ou encore canton de Sainte-Croix parce que ce terrain faisait partie de la seigneurie de Sainte-Croix, concédée aux Ursulines.

Ce chemin, aujourd’hui le rang Saint-Pierre ou route 271, avait été ouvert aux prospecteurs pour permettre de trouver des gisements de cuivre ou autres métaux. On peut lire dans Mines et Canada qu’il y eut dans ces années beaucoup de prospections des environs, dans le but de trouver des gisements importants. Le tout a été abandonné et la mine Harvey Hill fut fermée définitivement en 1899.

Suite à la construction de ce chemin, quelques colons en ont profité pour s’établir et s’adonner à l’agriculture.

Ce sont surtout des Irlandais qui se sont regroupés le long de ce chemin. Encore dans les années 1950, plusieurs personnes l’appelaient le rang des Irlandais. Un autre indice qui nous prouve ce que c’est la partie de la paroisse qui s’est développée en premier, c’est que l’on a établi une commission scolaire et on l’a nommée commission scolaire no 1 ou commission scolaire des Irlandais. Elle comprenait deux écoles, la première étant construite à l’intersection du rang Saint-Michel et du chemin des Mines. L’autre école était située à environ deux milles plus au nord, sur le même chemin.

Quelque temps plus tard, un autre chemin était ouvert, c’était le chemin Gosford. Cette route était demandée depuis 1830 par les colons du canton de Nelson et de la seigneurie de Sainte-Croix, au gouverneur et à l’Assemblée législative du Bas-Canada. Le 9 janvier 1838, le gouverneur Archibal Acheson de Gosford en ordonna la construction et ce chemin devait relier à Québec, les cantons de Nelson, Inverness, Halifax, Wolfton, Ham, Weedon, Westbury et Ascot.

Pont couvert Palmer qui est ensuite devenu le pont McCullaugh.
Bâti par Tommy Larnett d’Inverness en 1883 sur la rivière Thomas.
Photo 2548 - SPHSL

Les travaux de construction ont débuté la même année. Les jeunes hommes qui y ont travaillé étaient logés, nourris et payés 0.50 $ par jour.

À ce moment-là, le territoire qui devait former plus tard la paroisse de Sainte-Agathe comptait déjà 63 familles pour 522 âmes, dont 219 de langue française et 303 de langue anglaise. 1 763 acres étaient en culture.

Ce n’est que plusieurs années plus tard que l’on a eu un chemin de sortie vers Methot’s Mill (Dosquet) pourtant le seul endroit où l’on pouvait recevoir de la marchandise et voyager par le train. La ligne de chemin de fer « Grand Trunk » qui passait par Methot’s Mill venait de Longueuil et se rendait jusqu’à Lévis.

« Il y avait bien un petit sentier de tracé dans la forêt qui nous permettait de voyager à pied ou à dos de cheval, mais pas en voiture. » C’est le 23 août 1862 que le Conseil municipal de Sainte-Agathe fait la demande au ministre de l’Agriculture pour la construction d’une route qui partirait de Methot’s Mill pour se diriger vers Sainte-Agathe et de là se joindre à la route déjà existante pour se rendre à la mine de cuivre de Harvey Hill. La demande fut adressée au ministre de l’Agriculture, car à cette époque il n’y avait pas de ministères de la Voirie ou des Transports, et les routes servaient principalement au développement de l’agriculture.

La demande du Conseil a certainement été bien accueillie, car la construction a débuté la même année. On avait séparé la route par sections que l’on octroyait au plus bas soumissionnaire. La somme totale des coûts fut de 41 livres, 16 shillings, obtenue du gouvernement par l’entremise du député, M. H. Joly. Le surveillant des travaux était Télesphore Goulet.

L’érection civile a eu lieu en 1857. Le Canton Nelson, une très petite paroisse située à quelques milles du village vers Inverness, s’unit à Sainte-Agathe en 1985.

Seigneuries de la municipalité

Saint-Agapit

Histoire de la municipalité

La municipalité de Saint-Agapit se situe sur ce qui était autrefois les seigneuries de Gaspé, des Plaines et de Beaurivage.

L’ouverture du chemin Craig, en 1810, reliant Saint-Gilles-de-Beaurivage à Saint-Nicolas, favorise le développement de celle-ci. Les premiers colons, les familles de messieurs Johny Vermette et celle de Jean-Baptiste Moffette, provenant de la paroisse de Saint-Nicolas, furent parmi les premières à défricher la terre en 1822.

La première concession, en 1828, fut celle de la rivière Noire. La construction du moulin à scie de M. Thomas Têtu, en 1830, à Pointe Saint-Gilles, favorise le commerce de Saint-Agapit. Les gens se rendaient au moulin pour y faire carder la laine, fouler l’étoffe, préparer l’avoine et scier leur bois. Il y avait également le magasin général de M. Narcisse Dionne qui était le plus gros centre d’achat et de troc de la région. D’autres défricheurs du sud de Saint-Antoine-de-Tilly vinrent coloniser les terres du rang Sainte-Marie de la seigneurie de Gaspé. Dès 1829, quelques colons allèrent coloniser les 2e et 3e rangs.

C’est la venue du chemin de fer « le Grand Tronc », entre Québec et Richmond qui sera le point marquant du développement de la municipalité. Un viaduc est construit, en 1852, pour éviter que le chemin de fer traverse la route principale et c‘est en 1854 qu’on entend passer la première locomotive.

Viaduc au-dessus du chemin de fer, la route du Pont, vers 1932
Photo 462 - SPHSL

Cette nouvelle voie ferroviaire permettra aux agriculteurs de vendre leurs produits à Québec, Montréal et même vers les États-Unis. Les gens des paroisses environnantes profitent de ce moyen de transport pour acheminer leurs produits vers des destinations plus éloignées. Il n’est pas rare à l’époque de voir des cargaisons de cuivre provenant des mines au sud, de bois et même de troupeaux de moutons faire le transit à la gare. Avec l’activité économique grandissante, plusieurs commerces sont construits pour accommoder les voyageurs. On y voit entre autres apparaître un hôtel, un garage et un magasin général. Les gens favorisent donc graduellement les commerces avoisinant la gare et le Moulin Têtu perd peu à peu sa clientèle.

N’ayant toujours pas d’église, les colons doivent de rendre à Saint-Gilles pour aller à la messe et recevoir les sacrements, une distance entre cinq à neuf milles, hiver comme été. Vers 1860, il discute de leurs doléances à l’abbé Dunn, alors curé de Saint-Gilles et de leur projet de bâtir une chapelle à Saint-Agapit.

L’érection canonique de la paroisse a lieu le 18 février 1867, en l’honneur du pape Agapet 1er et l’érection civile le 8 mai de la même année. C’est M. Flavien Demers qui fera don d’une partie de ces terres pour la construction de l’église. Avec tous ces avènements, la population grandissante requiert une main-d’œuvre plus spécialisée. Vers 1873, nous pouvons retrouver un forgeron, M. Lazarre Boucher, une boulangère, Mlle Vénérable Talbot, un boucher, M. Romuald Carrier, ainsi qu’un médecin, le Dr. Fournier, et en 1880, le notaire E.H. Tremblay. En 1883, M. Télesphore Roger possède une fromagerie. Cette même fromagerie sera vendue plusieurs années plus tard, soit en 1908, à Georges Vermette pour devenir une beurrerie. Cette beurrerie deviendra la plus grosse industrie de la paroisse, la compagnie Vermette & fils, une industrie laitière, gérée en société par M. Vermette et ses six fils. À la laiterie, on y transformait le lait des agriculteurs environnant en beurre, en lait en poudre et en caséine. Cette laiterie fut opérée par la famille Vermette jusqu’en 1975.

Vue aérienne du village
Photo 488 - SPHSL

En 1872, le premier presbytère est bâti. En 1897, les religieuses arrivent et en 1901, un couvent est construit; aujourd’hui le Carrefour Jeunesse Emploi de Lotbinière. Le 10 août 1911, il y a érection civile du village de Saint-Agapitville, par le détachement de la paroisse de Saint-Agapit-de-Beaurivage. En 1979, la paroisse et la municipalité seront fusionnées sous le nom de Saint-Agapit.

Aujourd’hui, le chemin de fer a cédé sa place à la Route Verte; la piste cyclable Le Grand Tronc. La gare est toujours existante et est maintenant convertie en un lieu de conservation du patrimoine vivant, puisqu’on peut y découvrir, au travail sur leurs métiers à tisser, les dames du Cercle des Fermières.

Mélanie St-Jean

Seigneuries de la municipalité

Notre-Dame-du-Sacré-Coeur-d'Issoudun

Histoire de la municipalité

C’est vers 1863 qu’un groupe de citoyens des paroisses de Sainte-Croix, Saint-Flavien, Saint-Édouard, Saint-Apollinaire et Saint-Antoine-de-Tilly font leur première requête pour l’érection canonique de la paroisse de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur-d’Issoudun. L’éloignement de plus de 18 milles pour aller à l’église de Sainte-Croix ou de Saint-Flavien est ardu. C’est 40 ans plus tard, soit en 1903, vu le nombre grandissant d’habitants que la requête est acceptée par Monseigneur Eugène C. Laflamme. Le nom, Notre-Dame-du-Sacré-Cœur-d’Issoudun, est ainsi donné en l’honneur des révérends pères Missionnaires du Sacré-Cœur en provenance d’Issoudun dans l’Indre, en France, arrivés au Québec en l’an 1900. Ce n’est qu’en 1909 que la paroisse fut reconnue canoniquement.

La première messe de la nouvelle paroisse fut célébrée par l’abbé J.F. Thibodeau, desservant, le 15 juillet 1903 dans la maison de Xénaphon Pouliot (aujourd’hui, maison de Gilles Pouliot). Le premier curé désigné pour prendre en main l’avancement de la nouvelle paroisse fut l’abbé J.B. Arthur Poulin qui chanta sa première messe le 4 octobre 1903, dans le presbytère nouvellement construit. Le 24 octobre 1904, il eut l’honneur de célébrer une messe dans l’église pour les 88 familles de la nouvelle paroisse. Le 4 août 1910, les travaux étant à peine terminés, la foudre s’attaqua à l’église et la réduisit en cendre. Ce n’est que le 10 septembre 1911 que les paroissiens purent à nouveau assister à la messe à l’intérieur, bien que la finition ne soit pas terminée.

Les trois magasins généraux du village appartenant à
Émile Guérard, Josephat Desrochers et Albert Bédard.
Photo 662 - SPHSL

Le premier maire fut Xavier Fortier qui habitait au 271 rue Principale. C’est là que se tinrent, en 1909, les premières séances du conseil municipal. Pendant plusieurs dizaines d’années, les réunions du conseil eurent lieu à différents endroits, dans des maisons privées, dans le sous-sol de l’église et dans l’ancien Hôtel de Ville que l’on construisit en 1991 près du chalet des loisirs.

Les premières écoles virent le jour au début du 20e siècle. La commission scolaire d’Issoudun fut formée afin de voir à l’instruction des enfants et huit écoles élémentaires furent bâties et distribuées sur tout le territoire. Le 10 novembre 1961, il fut proposé par les commissaires de construire une nouvelle école centralisée, tout près de l’église, école qui fut utilisée dès l’année scolaire 1963-1964. C’est en 1992 que la commission scolaire décide de fermer l’école pour dénatalité. Elle sera rachetée, en 1998, par la municipalité qui la transformera en l’actuel hôtel de ville en 2004.

Tragédie aérienne

Le 11 août 1957, vers 14 h 15, un avion Douglas DC-4 de la compagnie Maritime Central Airways en provenance de Grande-Bretagne s’écrase à Issoudun, tuant sur le coup les 73 passagers et les six membres de l’équipage. L’appareil avait été nolisé par les Imperial Veterans of Toronto et effectuait la liaison entre l’Angleterre et Toronto. Il transportait des vétérans accompagnés des membres de leur famille. La tragédie est arrivée sur un terrain situé entre le 5e rang d’Issoudun et le 4e rang de Saint-Édouard.

Cette catastrophe a marqué la paroisse d’Issoudun et la mémoire de bien des Québécois puisqu’elle constituait à l’époque le plus grave accident d’avion enregistré dans les annales de l’aviation canadienne. On avait alors attribué la cause de l’accident à une surcharge de l’appareil. En outre, une terrible tempête de pluie faisait rage ce jour-là. Après la tempête, deux avions furent envoyés pour survoler le boisé et trois parachutistes constatèrent rapidement l’ampleur de la tragédie : le secteur marécageux était jonché de débris de toutes sortes et il n’y avait aucun survivant.

La police, l’armée et l’aviation isolèrent le site et installèrent un périmètre de sécurité. Ils vidèrent l’eau emplissant le cratère, pour dégager ce qui restait de la carlingue qui était enfoncée à plus de huit mètres dans le sol trempé. C’est à l’aide d’une pelle et d’un bélier mécaniques que les corps et les débris furent libérés. La force de l’impact et l’explosion de l’appareil les ont projetés sur de grandes distances : une hélice a été retrouvée à 250 mètres de là. Aujourd’hui, il n’existe plus aucune trace de cette tragédie, la végétation ayant complètement recouvert l’endroit.

Le 11 août 2000, à 14 h 45, s’est déroulé le dévoilement d’un monument en mémoire des 79 personnes qui ont péri dans l’écrasement de l’avion. La stèle repose dans le cimetière paroissial et porte le nom des disparus.

Patrimoine artisanal

Plusieurs métiers traditionnels ont vu le jour à Issoudun au fil des décennies. Il y a eu une beurrerie-fromagerie, une tannerie, une forge située au 305 rue Principale qui appartenait à la famille Demers et une scierie.

À l’origine, en 1885, le moulin à scie, propriété de monsieur Honoré Ferland, était un moulin à eau situé dans le 6e rang au bord de la rivière. En 1910, son fils, Herménégilde Ferland, décide de déménager la bâtisse au cœur du village, à l’endroit où il est situé actuellement, au 295 rue Principale. Le moulin est alors transformé en moulin à vapeur. C’est Herménégilde Ferland qui scie gratuitement tout le bois nécessaire à la construction de la première et de la deuxième église de la paroisse. De plus, il avait prévu une installation pour moudre le grain que les cultivateurs apportaient. Il fabriquait également des bardeaux de cèdre qu’il vendait aux commerces.

En 1943, son fils, Paul Ferland prend les affaires en main. L’entreprise se développe et des employés sont engagés pour pouvoir maintenir le rythme de la demande de plus en plus forte. Été comme hiver, ce sont cinq employés qui y travaillent jusqu’à quinze heures par jour, et ce, six jours par semaine. Le moulin fonctionne avec les résidus de la coupe : il est donc économique et écologique.

Monsieur Joseph Demers,
forgeron du village à partir de 1915.
Photo 665 - SPHSL

Paul passe la relève en 1991 à son fils Gilles. Aujourd’hui, le moulin à vapeur fonctionne occasionnellement, mais toujours comme jadis : le travail se fait encore sur le banc de scie et avec les mêmes deux raboteuses utilisées au moulin depuis le tout début. Les résidants qui habitent près du village peuvent encore entendre les sifflets de vapeur siffler pour le plaisir de se remémorer le bon vieux temps, mais qui à l’origine chantaient l’ouverture du moulin, pour aviser les cultivateurs d’apporter leur bois. Ainsi, même lorsqu’ils étaient aux champs, les cultivateurs pouvaient apporter leurs arbres coupés pour être sciés…

Ce vieux moulin à scie est l’un des derniers au Québec à fonctionner encore à la vapeur. Il est plus que centenaire. Le propriétaire actuel souhaite obtenir que le lieu soit classé site historique et a rédigé un plan d’affaires à cet effet qui a permis au moulin d’être le coup de cœur d’un concours provincial qui s’est déroulé en 2001.

La municipalité est dotée du musée Isidore-Boisvert, situé au deuxième étage de l’hôtel de ville, qui comporte plus de 150 pièces de miniatures d’instruments aratoires d’époque sculptées par monsieur Isidore Boisvert et démontrant la vie d’autrefois.

La municipalité a adopté en 2008, un plan d’intervention et d’implantation architectural (PIIA) pour protéger son patrimoine bâti au cœur du village, qui a vu le jour bien avant l’érection canonique de la paroisse.

Ces textes sont des abrégés de textes tirés du livre du centenaire d’Issoudun, réalisé en 2003 par les membres du comité du livre : Gilles Pouliot, Diane H. Croteau, Laurence Croteau, Johanne Gosselin, Brigitte Verner, Geneviève Bilodeau, Julie Beaudet et Jean-Guy Croteau. Plusieurs autres collaborateurs s’ajoutent à cette équipe.

Seigneuries de la municipalité

Lotbinière

Histoire de la municipalité

L’histoire nous apprend que l’intendant Jean Talon donna une grande impulsion à la colonisation et au peuplement de la Nouvelle-France par la concession de nombreuses seigneuries au nom du roi. C’est le 3 novembre 1672 que l’intendant concède à René-Louis Chartier de Lotbinière une étendue de deux lieues et demie (sept milles et demi) sur le fleuve ayant deux lieues de profondeur (six milles). Cette concession commençait au fief Sainte-Croix, à Pointe-Platon, et se terminait une demi-lieue plus bas que la rivière du Chêne. Ce n’était là que la première étape de la constitution de la seigneurie de Lotbinière.

Par la suite, le 1er avril 1685, le 22 février 1686 (par achat) et le 25 mars 1693, René-Louis Chartier de Lotbinière obtint des concessions voisines grâce auxquelles il étendit considérablement son domaine, tant et si bien qu’il mesurait trois lieues et demie de front, sur le fleuve, par six lieues de profondeur. À l’origine, et pendant nombre d’années, les limites de la seigneurie de Lotbinière coïncidaient à peu près exactement avec celles de la paroisse de Saint-Louis de Lotbinière.

La paroisse

En 1693, les habitants construisent une première église (probablement une petite chapelle-église) à un endroit appelé le Domaine. C’est au cours de la construction de cette bâtisse que Mgr de Saint-Vallier, impressionné par la foi et le courage des colons, décide d’élever la mission de Lotbinière en paroisse le 27 septembre 1724.

Vue du quai
Photo 1196 - SPHSL

Le deuxième seigneur de Lotbinière

Fait intéressant, le 2e seigneur de Lotbinière, Louis-Eustache Chartier de Lotbinière, après le décès de son épouse en 1723 (suite à la naissance de son huitième enfant), prit la décision de se faire prêtre. « Tonsuré et minoré le 5 avril 1725, Chartier reçut le sous-diaconat le lendemain, le diaconat le 7 avril et la prêtrise le 14. Quatre jours plus tard, Mgr de Saint-Vallier le nommait simultanément chanoine et archidiacre, dignité dont il prit possession le même jour, et dans les deux mois qui suivirent, il devenait vicaire général de l’évêque. C’est en cette qualité qu’il se trouva dans sa seigneurie le 20 juin de la même année, cette fois pour y faire la visite pastorale. »

Création de nouvelles paroisses

Le développement de la seigneurie s’est fait peu à peu en commençant par le rang du bord de l’eau pour ensuite s’étendre dans les terres. Ainsi, la paroisse de Lotbinière est devenue la mère de Saint-Édouard et de Sainte-Emmélie-de-Leclercville (maintenant Leclercville) et la grand-mère de Saint-Edmond-de-Val-Alain (Val-Alain) et de Saint-Janvier-de-Joly (Joly).

Rue de Viller, vers 1940
Photo 1210 - SPHSL

Le patrimoine architectural

Le patrimoine bâti de Lotbinière est reconnu officiellement par le gouvernement du Québec qui a identifié sept biens culturels classés.

Entre autres, on remarque l’église (la 4e) dont la construction a débuté au printemps de 1818 et qui a été consacrée en 1822. Celle-ci est l’œuvre du grand architecte François Baillargé et la décoration intérieure relève de son fils Thomas.

De plus, on retrouve sur notre territoire plusieurs maisons de pierres construites entre 1754 et le début du 19e siècle. Il est à noter que 36 % des résidences de la municipalité datent d’avant 1900.

Lotbinière compte aussi deux moulins classés monuments historiques :

Le moulin du Domaine qui a été construit dans le secteur est du village et qui est maintenant une propriété privée.

Le moulin du Portage qui a été construit en 1816 et qui desservait le secteur ouest de la seigneurie. Il a été restauré et accueille chaque été des artistes qui y présentent leurs spectacles.

Personnages célèbres

Louis-Eustache Chartier de Lotbinière (vicaire général de l’évêque)

Sir Henri-Gustave Joly de Lotbinière (député de Lotbinière à Québec et à Ottawa, président du Conseil d’agriculture de la province, premier ministre du Québec)

Mgr Bruno Desrochers (évêque fondateur du diocèse Sainte-Anne-de-la-Pocatière)

Julie Auger dite mère Sainte-Hélène (descendante de Louis Augé, quatrième supérieure générale des Sœurs de la Charité de Québec pendant 12 ans)

Pamphile Lemay (avocat, bibliothécaire, écrivain et poète)

Seigneuries de la municipalité

Leclercville

Histoire de la municipalité

L’histoire de Leclercville est intimement liée à celle de la Seigneurie de Lotbinière. En effet, non seulement la municipalité est-elle érigée sur le territoire de cette ancienne seigneurie, mais Leclercville doit sa naissance, sa croissance et aussi, hélas son déclin, à l’établissement du moulin seigneurial et à l’exploitation des terres de la seigneurie.

L’histoire remonte donc aux débuts de la Nouvelle-France avec la concession par l’intendant Jean-Talon d’une première étendue de terrain à René-Louis Chartier, en 1672. De nouvelles concessions en 1685, 1686, 1693 accorderont à Chartier tout le territoire compris entre les Seigneuries de Deschaillons et de Sainte-Croix, sur une profondeur de six lieues (18milles), à partir du fleuve.

Dès 1677, des premiers colons, Jean Baudet et Michel Lemay viennent s’établir sur la Seigneurie, à la Pointe Platon avec leur famille. D’autres censitaires tels les Hamel, Gauthier, Dubord, Chastenet, Tousignan Hébert, etc. les rejoignent bientôt. La paroisse de Saint-Louis de Lotbinière est fondée en 1724 et couvre alors tout le territoire de la Seigneurie. Cependant, l’oekoumène se limite au littoral du Saint-Laurent et il n’y avait que quatre censitaires installés entre les deux rivières du Chêne. D’autres familles viennent s’installer au Bord de l’eau dans les années qui suivent.

C’est vers 1758 que les premiers acadiens chassés de leurs terres par les Anglais viennent s’installer ici et même si des terres étaient encore disponibles au bord de l’eau, ils décident de défricher un nouveau rang, le Saint-Michel, nommé en l’honneur de l’un de ces pionniers, Michel Gaudet. La population croit ensuite très lentement, car, en 1762, seulement 14 familles habitent le territoire, soit environ 70 personnes. Seulement 10 nouvelles familles viennent s’y établir entre 1762 et 1781.

Vers la fin du 18e siècle, toutes les terres du bord de l’eau sont occupées et le rang Saint-Michel est passablement rempli. Le seigneur consent alors à l’ouverture d’un nouveau rang; le Portage par le prolongement du rang Saint-Michel vers l’est.

Comme la distance à parcourir par les cultivateurs pour aller faire moudre leur grain au moulin du domaine leur causait d’énormes pertes de temps, le Seigneur décida de construire un moulin à farine en 1814 et un pont pour relier le moulin aux rangs Portage et Saint-Michel en 1817.

Vers 1832, le seigneur fait construire un moulin à scie près du moulin à farine. Cependant, les opérations ne sont pas rentables et, seulement deux ans plus tard, le moulin est déménagé près de l’embouchure de la rivière, à moins d’un kilomètre du fleuve. Ce nouveau moulin emploie de nombreux journaliers et artisans que le seigneur doit loger. Il y construit à proximité de nombreuses maisons qu’il loue à ses employés. Ainsi naît le village qui prendra plus tard le nom de Leclercville.

Vue d'ensemble du quai vers 1925
Photo 1102 - SPHSL

Jusqu’alors, seul le pont du Portage permettait de franchir la rivière. Ce n’est qu’en 1848 qu’un pont de bois permet de franchir la rivière à quelques centaines de mètres en aval du moulin à scie.

Une nouvelle industrie voit le jour en 1857. Trois briqueteries employèrent durant plusieurs années une quarantaine de travailleurs. Située à la pointe, près de l’embouchure de la rivière du côté est de celle-ci, cette industrie dut cependant cesser ses opérations en 1917, car les installations furent alors détruites par un glissement de terrain

Les résidents du territoire devaient toujours parcourir une distance de 5 à 9 milles pour se rendre à l’église de Saint-Louis de Lotbinière afin d’y accomplir leurs devoirs religieux. On fit alors la demande pour qu’une église soit construite. Une nouvelle paroisse est détachée de Saint-Louis de Lotbinière en 1863 et une nouvelle municipalité, Sainte-Emmélie est fondée.

Vers 1865, les familles ne manquent pas d’enfants, mais il leur arrive de manquer de terres pour les établir. Pour répondre à leurs besoins, le Seigneur Joly commence à concéder des terres sur un nouveau rang, le Castor.

Cependant, les besoins du village étant très différents de ceux de la paroisse, la municipalité est scindée en deux pour former, en 1873 les municipalités distinctes de Leclercville pour le village et de Sainte-Emmélie pour les rangs.

Le village est électrifié en 1926, mais les rangs doivent attendre jusqu’en 1945 pour jouir d’un tel service.

Vue du village
Photo 1075 - SPHSL

Toute la région subit un dur coup économique en 1932 alors que suite à un coup d’eau qui envahit une grande partie du village, le seigneur du temps décide de fermer le moulin dont les opérations et activités connexes donnaient du travail à près de deux cents travailleurs. L’économie régionale ne s’en remit jamais, et, depuis, la population ne cesse de décroître. Les jeunes ménages quittent surtout pour se procurer un gagne-pain ailleurs.

Jusqu’en 1933, le territoire de ce qui est aujourd’hui la municipalité de Val-Alain faisait partie de la municipalité de Sainte-Emmélie.

Il en était ainsi pour les écoles qui relevaient de la commission scolaire de Sainte-Emmélie. Une nouvelle paroisse, Saint-Edmond de Val-Alain est fondée en 1933. Ce n’est cependant qu’en juillet 1950 que la Commission scolaire de Val-Alain est fondée et qu’elle prend en charge les écoles de cette nouvelle paroisse.

La population n’ayant cessé de décroître, il est devenu nécessaire de fusionner les services municipaux pour continuer à servir adéquatement la population. C’est ainsi qu’en l’an 2000 une résolution des deux conseils municipaux entérinait la volonté commune de fusion des municipalités de Sainte-Emmélie et de Leclercville pour former une seule municipalité qui porte désormais le nom de Leclercville.

Seigneuries de la municipalité

Laurier-Station

Histoire de la municipalité

Faisant autrefois partie du territoire de la Paroisse Saint-Flavien, c’est en 1951 qu’est constituée officiellement la municipalité de Laurier-Station. C’est suite à l’implantation d’une gare de chemin de fer à la fin des années 1880, créée pour faciliter l’exploitation du bois, qu’on constate vraiment un développement rapide dans cette portion de la paroisse.

Entre les années 1920 et 1930, l’industrie du meuble commence à s’implanter, suivie de l’ouverture des premiers commerces et services. La construction de l’autoroute Transcanadienne, maintenant l’autoroute Jean-Lesage, donne une nouvelle poussée à Laurier-Station. En effet, l’arrivée de nouveaux commerces, industries et services gouvernementaux permet en effet au village de devenir un carrefour régional.

Historique du nom

La dénomination municipale provient donc de cette station du Canadien National implantée à la fin du 19e siècle et rend hommage à la mémoire de Sir Wilfrid Laurier (1841-1919), le premier Canadien français à devenir premier ministre du Canada (1896-1911).

Histoire de Thomas Caron

Thomas Caron, ce nom vous dit quelque chose ? Sans lui, Laurier-Station n’existerait sans doute pas. L’histoire veut que la Fabrique ait adopté une résolution le 10 février 1895 l’autorisant à vendre les terrains nécessaires à la construction du chemin de fer. On dit même que tout le matériel était acheté et rendu sur place lorsque Thomas Caron, un cultivateur, très astucieux, fit venir chez lui le surintendant du C.N.R. et lui fit miroiter les avantages de passer la ligne de chemin de fer un peu plus au nord.

Comme leurs terres étaient moins rentables, les colons de Laurier consentirent à les vendre à des prix inférieurs à ceux demandés par les fermiers de St-Flavien profitant ainsi de la manne qui passait. C’est comme ça que le chemin de fer fit un grand détour et passa par cette portion de St-Flavien qu’on appela alors La Station et qui devint, le 1er janvier 1951, Laurier-Station.

La gare de Laurier

Gare
Photo 1064 - SPHSL

Il est certain que la construction du chemin de fer et de la gare a contribué à la naissance de Laurier-Station. On n’a qu’à penser à Mme Théophile Daigle venue s’installer à proximité de la gare avec ses fils Alexandre et Daniel pour y opérer le magasin général et le moulin à scie.

Le train était alors le moyen de transport le plus utilisé, autant pour les marchandises que pour les passagers qui venaient de toutes les paroisses avoisinantes. On allait à Québec, c’est à bord du Deschaillons qu’on montait. Il partait de Laurier tous les matins à 7 heures pour être de retour aux environs de 7 heures trente le soir. Si on voulait plutôt se rendre à Montréal, c’est à bord de l’Express qu’il fallait s’embarquer. Celui-ci arrêtait tous les jours à Laurier-Station pour y prendre des marchandises ou des voyageurs. De là est née l’expression « envoyer ça par express ».

Pas besoin de vous dire qu’il y avait toujours du monde à la gare. Les postillons venaient y cueillir leur malle, les commerçants s’y rendaient pour envoyer ou recevoir leurs commandes alors que d’autres y allaient simplement conduire un proche au train et le voir partir. Après la réception, plusieurs accompagnaient les jeunes tourtereaux partant pour le traditionnel voyage de noces. À l’arrivée des beaux jours, on se rendait à la gare pour jaser en guettant l’arrivée des belles cousines qui venaient en promenade à la campagne ou le retour des gars de chantier après un long hiver. Même s’il n’y avait pas de bar dans les trains, on raconte que plusieurs manquaient souvent la dernière marche à leur descente.

Le village à la traverse du chemin de fer,
à gauche l'Hôtel Laurier.
Photo 1066 - SPHSL

Plusieurs personnalités importantes sont aussi descendues à la gare de Laurier. On se souvient de certains premiers ministres en campagne électorale et du Seigneur Edmond Joly de Lotbinière qui y débarquait accompagné de ses fils. Ceux-ci faisaient alors le délice des jeunes demoiselles du temps.

Les mères voyaient toujours d’un bon œil que leurs filles soient courtisées par un jeune homme venu travailler à la gare de Laurier. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux se sont établis chez nous après avoir épousé une fille du village.

La gare a aussi été témoin d’événements plus tristes. Nombreuses sont celles qui ont versé des larmes en voyant partir leur amoureux qui allait travailler en ville ou dans des camps de bûcherons. D’autres moments pénibles sont vécus lors de l’arrivée d’un cercueil renfermant la dépouille d’un proche décédé tragiquement au loin.

Si la gare pouvait parler, que de souvenirs elle pourrait nous raconter. Toute l’histoire de Laurier est intimement liée aux trains. Nous leur devons la naissance et la prospérité de notre village. Ils méritent bien qu’on tolère leur présence malgré les inconvénients qu’ils entraînent sur leur passage.

Gérald Laganière

Seigneuries de la municipalité

Dosquet

Histoire de la municipalité

Dans les années 1830-1840, le noyau villageois se dénommait Méthot’s Mill, qui comprenait une partie de Saint-Flavien et de Dosquet, et qui était connu sous la Côte Saint-Joseph, appartenant à Sainte-Croix-de-Lotbinière. Le nom Méthot’s Mill fait référence au moulin à scie construit en 1831, le long de la rivière Henri, par Louis Méthot, de Sainte-Croix-de-Lotbinière. On y dénombre une centaine d’hommes qui y travaillent, déboisant et transportant le bois au moulin. Ceci amène le développement de l’endroit et par la suite les meilleures terres déboisées sont utilisées à des fins agricoles par les bûcherons intéressés.

En 1855, il y a l’ouverture d’un bureau de poste sous le nom de Méthot’s Mill. La venue du chemin de fer, en 1854, Grand Trunk Railway, appelé par les francophones, le Grand Tronc, y modifiera considérablement les façons de faire. Ainsi, la poste rurale arrivera par le train et sera distribuée dans les alentours grâce à un postier qui use de divers moyens de transport pour acheminer la « malle » aux paroissiens des alentours. À Dosquet, le « postillon » Éphrem Roy transportait les sacs de courrier au bureau de poste grâce à son attelage de chiens. Par la suite, ce sera en snowmobile que monsieur Joseph Faucher assurera le service de la poste et de taxi pour la paroisse de Sainte-Agathe, située un peu plus au sud.

Magasin général de Dosquet vers 1915 d'Eugène Poitras.
Bâti par Louis-Octave Ratté.
Photo 18 - SPHSL

La première gare de Dosquet fut construite en 1874. Elle mesurait 22′ X 54′ et comportait une remise à marchandise. Elle portera le nom de Méthot’s Mill, en l’honneur de monsieur Louis Méthot, bâtisseur du moulin à scie. La seconde gare daterait de 1910. Il s’agissait, tout comme celle de Saint-Agapit, de gares que l’on qualifiait de 2es classes ou de banlieues.

C’est monsieur Louis-Octave Ratté de Saint-Flavien qui contribue ensuite à l’essor de Dosquet. Il achète les avoirs de Louis Méthot, qui appartenait à son petit-fils, et il se fait construire un magasin général qui sera exploité à même sa maison de style second empire, qui servit également d’hôtel fréquenté par la bourgeoisie.

De 1885 à 1937, monsieur François-Xavier Caron, époux de l’une des filles du fondateur Octave Ratté, fut chef de gare. Il occupait avec sa famille le logement attenant à la gare. Il se fit bâtir une grande maison juste à l’arrière de la seconde gare, construite sans logement en 1910. Cette gare fut fermée par le Canadian National en 1970. Elle servit par la suite d’entrepôt, fut vendue en 1977 à un entrepreneur local, puis convertie en garage qui fut incendié par la suite.

Vue nord sud (vers Sainte-Agathe) de la rue Principale.
À noter le trottoir de bois qui se rendait jusqu'à Saint-Flavien.
Photo 19 - SPHSL

Malgré l’entretien effectué le long de la voie et sur les rails, nul n’était à l’abri des accidents ferroviaires. Ainsi, en 1950, un déraillement majeur se produisit entre Saint-Agapit et Dosquet, à la hauteur de chez Joseph Côté.

C’est en 1912 qu’il y a l’érection canonique, ainsi que la construction de la première chapelle, de la paroisse de Saint-Octave-de-Dosquet, détachée de Saint-Flavien, de Saint-Agapit et de St-Anastasie-de-Nelson. La forme abrégée « Dosquet » sera utilisée par le bureau de poste dès 1913 et pour la municipalité en 1996.

En 1990, les rails de la voie ferrée désaffectée sont enlevés. En 1998, la MRC de Lotbinière procède à l’aménagement d’une piste cyclable dénommée Parc régional linéaire de la MRC de Lotbinière, la Ligne verte, qui permet aux résidents et aux touristes de pratiquer de façon sécuritaire une activité récréative populaire depuis plusieurs années.

Seigneuries de la municipalité